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« Dans sa Parole, Dieu a promis de donner des visions pour les ‘derniers jours’, non pas pour définir une nouvelle règle de foi mais pour affermir son peuple et reprendre ceux qui s’écartent des vérités bibliques. » Ellen G. White

« Après avoir autrefois, à bien des reprises et de bien des manières, parlé aux pères par les prophètes, Dieu… » (Hébreux 1.1)1

La prophétie, ou communication prophétique, est l’un des principaux moyens par lesquels Dieu se révèle à son peuple, lui fait part de ses desseins et lui annonce ses plans pour l’avenir. Grâce à la parole prophétique, Dieu entre en contact avec nous de façon profonde et personnelle. Même si Dieu est très haut au-dessus de nous et si, par conséquent, nous ne pouvons le comprendre, il s’approche de nous par l’action du Saint-Esprit qui peut attirer notre attention et toucher notre cœur de bien des manières. Mais il communique de façon toute spéciale avec nous et, de façon très claire et fiable, par la Bible et la révélation prophétique. « Les prophéties que le grand JE SUIS a données dans sa Parole sont autant d’anneaux de la chaîne des événements qui relient l’éternité dans le passé à l’éternité dans l’avenir. C’est par elles que nous savons où nous en sommes aujourd’hui et ce que nous devons attendre des temps à venir. Tout ce que les prophéties ont prédit comme devant arriver jusqu’à nos jours a été consigné dans les pages de l’Histoire, et on peut être assuré que tout ce qui doit se produire s’accomplira au moment voulu2. »

La révélation prophétique s’accomplit en deux étapes. Premièrement, Dieu transmet un message grâce au don de prophétie et deuxièmement, le Saint-Esprit s’appuie sur ce message pour éclairer notre cœur et nous permettre d’être plus proches de Jésus. Pierre nous explique ce processus en deux parties : « Et nous estimons d’autant plus ferme la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour commence à poindre et que l’étoile du matin se lève dans votre cœur. Vous savez, avant tout, qu’aucun message de prophète, dans l’Écriture, ne relève d’une interprétation particulière. En effet, aucun message de prophète n’a jamais été apporté par une volonté humaine : c’est portés par l’Esprit saint que des humains ont parlé de la part de Dieu. » (2 Pierre 1.19-21)

Juste avant de faire cette affirmation forte sur le rôle de la parole prophétique, Pierre fait référence à son expérience personnelle et précise avoir lui-même entendu la voix de Dieu : « Nous avons nous-mêmes entendu cette voix venue du ciel lorsque nous étions avec lui sur la montagne sacrée. » (2 Pierre 1.18) Sur la montagne de la Transfiguration, Dieu lui-même a parlé de Jésus aux disciples : « Mon Fils bien-aimé, c’est lui ; c’est en lui que, moi, j’ai pris plaisir. » (v. 17) Pour Pierre, Jésus était au cœur de la révélation divine.

Grâce à la parole prophétique, Pierre a compris que Jésus était le Fils bien-aimé de Dieu. Ayant vécu cela, l’apôtre précise que la parole prophétique vient dans notre cœur comme « une lampe qui brille dans un lieu obscur ». En d’autres termes, nous ne pouvons pas voir ni comprendre l’action de Dieu sans être éclairés. Un miracle se produit lorsque le Saint-Esprit donne de la puissance à la parole prophétique. Celle-ci continuera de briller « jusqu’à ce que le jour commence à poindre et que l’étoile du matin se lève dans votre cœur » (2 Pierre 1.19). À quoi l’expression « étoile du matin » fait-elle référence ? À Jésus, notre Sauveur, qui est appelé « l’étoile brillante du matin » (Apocalypse 22.16). Jésus touche notre esprit et notre cœur par l’intermédiaire du Saint-Esprit lorsque nous lisons les paroles prophétiques des Écritures inspirées par l’Esprit. C’est uniquement lorsque nous faisons l’expérience de l’action du Saint-Esprit au plus profond de nous-mêmes et que nous acceptons le pardon de nos péchés qui vient de Jésus que nous pouvons comprendre et faire l’expérience du miracle de la transformation que nous offre Jésus.

LA PAROLE PROPHÉTIQUE NOUS RAPPROCHE DE JÉSUS

 

Pierre explique ensuite que l’objectif principal de la révélation prophétique est de nous permettre d’entretenir une relation vivante et transformatrice avec Jésus. Tout au long de ses pages, la Bible évoque souvent cette expérience par laquelle nous pouvons être éclairés et transformés. Alors que la terre venait d’être créée et qu’Adam et Ève venaient de pécher, une parole prophétique divine leur a été adressée ; grâce à cela, ils ont compris qu’un Sauveur viendrait et les rachèterait du péché (voir Genèse 3.15). C’est une parole prophétique transmise par l’intermédiaire d’Ésaïe qui a donné l’espoir à tous les pécheurs en leur rappelant qu’un Rédempteur viendrait les sauver (Ésaïe 9.6). Le prophète Ézéchiel a souligné le désir le plus cher de Dieu pour ses enfants d’Israël défaillants : « Rejetez loin de vous toutes les transgressions que vous avez commises ; faites-vous un cœur nouveau et un souffle nouveau. » (Ézéchiel 18.31) Par la force et la puissance du Saint-Esprit, Jean-Baptiste est venu « prêcher un baptême de changement radical, pour le pardon des péchés » (Marc 1.4). Jésus a prié pour que ses disciples fassent l’expérience de la sanctification qui est rendue possible par la connaissance et la mise en pratique de la vérité (Jean 17.17). Il a aussi promis de revenir prendre ses enfants chez lui, afin que là où il est, ils y soient aussi (Jean 14.1-3). Paul a prophétisé : « Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec la voix d’un archange, avec le son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ se relèveront d’abord. Ensuite, nous, les vivants qui restons, nous serons enlevés ensemble avec eux, dans les nuées, à la rencontre du Seigneur, dans les airs ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. » (1 Thessaloniciens 4.16,17)

Jean a écrit à plusieurs reprises dans le livre de l’Apocalypse (1.2,9 ; 12.17 ; 19.10 ; 20.4) qu’il partageait le « témoignage de Jésus », qui est « l’esprit de la prophétie » (Apocalypse 19.10). Par l’intermédiaire de Jean, Jésus lui-même a expliqué au monde ce qui allait se passer dans le futur, et il a précisé qu’un ciel nouveau et qu’une terre nouvelle seraient établis (Apocalypse 21.1 et suivants). Le but du livre prophétique de l’Apocalypse est de faire connaître cette grande nouvelle. Ainsi, la prophétie traverse les Écritures, de la Genèse à l’Apocalypse, car il s’agit d’une méthode infaillible de communication entre Dieu et son peuple. Le Seigneur peut ainsi dire à ses enfants qu’ils ont des raisons véritables de vivre dans l’espérance. Le discernement et la compréhension associés à une relation personnelle avec Dieu par l’intermédiaire du Saint-Esprit permettent à Jésus, l’étoile du matin, de venir dans notre cœur.

Mais le canon des Écritures n’est pas le seul moyen que Dieu a utilisé pour la révélation prophétique. À divers moments de l’histoire, Dieu a transmis des messages prophétiques particuliers qui ne font pas partie du canon biblique. La Bible elle-même mentionne certains auteurs qui étaient inspirés mais qui ont rédigé des livres ou des documents qui n’ont jamais fait partie du canon : « Jasher, Samuel, Nathan, Gad, Shemaiah, Oded, Ahijah, Jehu et Iddo (pour plus de détails, voir Josué 10.13 ; 2 Samuel 1.18 ; 1 Chroniques 29.29 ; 2 Chroniques 9.29 ; 12.15 ; 15.8 ; 20.34)3. » Dans la Bible, nous lisons que cet appel et ce ministère des prophètes inspirés non canoniques se poursuivront jusqu’à la fin des temps (Joël 2.28, 29 et suivants). Dieu décide à divers moments de l’histoire, et souvent lors de périodes de grande crise, de donner des directives prophétiques supplémentaires.

LE MINISTÈRE D’ELLEN WHITE

 

Selon les adventistes du septième jour, le ministère d’Ellen White est l’un de ces ministères prophétiques non canoniques. Elle a eu beaucoup de visions et de rêves prophétiques pendant une période de plus de 70 ans, jusqu’à sa mort en 1915. Elle a consigné ces visions et ces rêves dans des lettres, des manuscrits, des articles, des tracts et des livres. Elle les a rédigés sous l’inspiration du Saint-Esprit. Pourtant, elle se considérait comme un prophète non canonique. Elle l’a écrit elle-même dans son introduction à l’un de ses livres les plus importants, La Tragédie des siècles :

 

« Au cours de la période pendant laquelle l’Ancien et le Nouveau Testament ont été révélés et rédigés, le Saint- Esprit n’a cessé de communiquer sa lumière à différentes personnes, en plus des révélations destinées à faire partie du canon sacré. La Bible elle-même raconte comment, par l’intermédiaire du Saint-Esprit, des hommes ont reçu des avertissements, des réprimandes, des conseils et des instructions dans des domaines indépendamment de l’inspiration des Écritures. Et il est fait mention de prophètes ayant vécu à différentes époques, dont les propos ne sont pas rapportés. De même, une fois le canon des Écritures terminé, le Saint-Esprit devait poursuivre son œuvre pour éclairer, avertir et réconforter les enfants de Dieu4. »

 

Ellen White était très claire sur le fait que le but de son travail prophétique était d’abord et avant tout de conduire à la Bible. Dans la conclusion de son premier tract publié en 1851, elle écrit : « Je vous recommande, cher lecteur, de considérer la Parole de Dieu comme votre règle de foi et de pratique. C’est selon cette Parole que nous serons jugés. Dans sa Parole, Dieu a promis de donner des visions pour les ‘derniers jours’, non pas pour définir une nouvelle règle de foi mais pour affermir son peuple et reprendre ceux qui s’écartent des vérités bibliques5. »

La déclaration la plus claire qu’elle ait faite concernant son rôle prophétique par rapport à la Bible est peut-être la suivante :

 

« J’ai une grande tâche à accomplir – transmettre par la plume et la voix les instructions qui me sont données, non seulement aux adventistes du septième jour, mais au monde entier. J’ai publié de nombreux livres, courts ou plus conséquents, et certains d’entre eux ont été traduits en plusieurs langues. Voici en quoi consiste mon travail – présenter les Écritures comme Dieu me les a présentées6. »

Ce travail d’Ellen White consistant à nous conduire à la Bible avait pour but de nous permettre de vivre en relation avec Jésus. Pierre avait dit que cela se produirait grâce au don de prophétie. Le livre le plus apprécié d’Ellen White, parmi les nombreux livres qu’elle a écrits, est Le Meilleur chemin qui a été traduit en plus de 160 langues. Il a donné à des millions de personnes l’occasion de découvrir le salut et a permis de faire en sorte que l’objectif prophétique tel qu’il avait été défini par Pierre soit atteint, à savoir que l’étoile du matin se lève dans les cœurs blessés. Dans Le Meilleur chemin, vous constaterez qu’Ellen White présente le salut avec des mots convaincants et persuasifs au sujet de l’Esprit et des Écritures.

 

Jésus-Christ est un autre livre très apprécié d’Ellen White, une œuvre très riche sur la vie de Jésus. Je cite ici un long passage de ce livre pour illustrer à quel point ses messages et ses écrits sont beaux et centrés sur le Christ :

 

« Le Fils immaculé de Dieu était là, suspendu à la croix, les chairs lacérées de coups ; ses mains qui s’étaient si souvent étendues pour bénir étaient clouées au bois ; ses pieds, toujours infatigables au service de l’amour, étaient cloués, eux aussi ; sa tête royale était meurtrie par une couronne d’épines ; ses lèvres tremblantes laissaient échapper un cri de douleur. Tout ce qu’il a souffert, — les gouttes de sang qui ont coulé de sa tête, de ses mains, de ses pieds, l’agonie qui a secoué son corps, l’angoisse inexprimable qui a rempli son âme quand le Père lui a dérobé son visage, — tout parle à chaque enfant de l’humanité : C’est pour toi que le Fils de Dieu consent à porter ce fardeau de culpabilité ; pour toi il a dépouillé la mort et ouvert les portes du paradis. Celui qui a calmé les flots irrités et marché sur les vagues écumantes, qui faisait trembler les démons et fuir la maladie, qui ouvrait les yeux des aveugles et rendait la vie aux morts, — s’offre sur la croix, en sacrifice par amour pour toi. Il a porté le péché, il a subi la colère de la justice divine ; pour toi, il a été traité comme le péché même7. »

 

Ellen White conclut ce passage fort en montrant comment Jésus a vaincu le péché pour nous sur la croix : « Le Christ avait vidé, jusqu’à la lie, la coupe de la souffrance humaine. Pendant ces heures effroyables, il s’était reposé, par la foi, sur celui à qui il avait toujours accordé une joyeuse obéissance, et dont il connaissait la justice, la miséricorde et le grand amour. Au moment où il se confia à Dieu dans une entière soumission, il cessa de se sentir privé de la faveur de son Père. Le Christ remporta la victoire par la foi8. »

L’AMOUR DE DIEU RÉVÉLÉ À LA CROIX

 

Le thème si important de l’amour de Dieu révélé par la mort de Jésus sur la croix est représenté par une lithographie publiée par Ellen White en 1883. Intitulée « Christ, le chemin de la vie », elle dépeint sa vision du grand conflit entre le bien et le mal, qui a commencé dans le jardin d’Éden et se poursuivra jusqu’au retour de Jésus et l’établissement de la Nouvelle Jérusalem. Comme vous le voyez, elle plaçait Jésus sur la croix au centre du plan de salut.

Je voudrais conclure en mentionnant le lien fait par Ellen White entre le sacrifice de Jésus sur la croix et l’amour de Dieu. Le Saint-Esprit donne vie à ces mots, et c’est une occasion de nous rapprocher de notre Dieu si étonnant et merveilleux.

 

« Comparés à l’amour infini de Dieu, tout l’amour paternel que les hommes se sont manifesté de génération en génération, toutes les marques de tendresse qui ont fait vibrer leur âme, ne forment qu’un tout petit ruisseau devant un océan sans limite. La langue ne peut exprimer l’amour divin, ni la plume le décrire. Vous pouvez en faire le sujet de vos méditations tous les jours de votre vie ; vous pouvez sonder avec ardeur les Écritures, vous pouvez faire appel à toutes les facultés que Dieu vous a données sans arriver à comprendre l’amour compatissant de notre Père céleste qui livra son Fils à la mort pour le salut de l’humanité. L’éternité elle-même ne pourra suffire à nous le révéler complètement. Néanmoins, quand nous étudions la Bible, et quand nous méditons sur la vie du Christ et le plan de la rédemption, ces grands thèmes deviennent toujours plus clairs à notre entendement9. »

 

Que cette révélation prophétique particulière puisse faire son œuvre en nous et nous transformer, alors que Dieu nous révèle ses messages inspirés. Grâce au Saint-Esprit, puissions-nous nous approprier ces paroles et les mettre en œuvre tandis que Jésus, l’étoile du matin, se lève dans nos cœurs.

* Les écrits d’Ellen White sont disponibles sur le site https://m.egwwritings.org.

Merlin D. Burt, titulaire d’un doctorat de l’université Andrews, dans le Michigan, aux États-Unis, est directeur de la fondation Ellen G. White, Silver Spring, dans le Maryland, et professeur et chercheur en Histoire de l’Église dans la même université. Ses courriels : burt@whiteestate.org; burt@andrews.edu.

Citation recommandée

Merlin D. Burt, « Les prophéties, un lien entre Jésus et son peuple », Dialogue 33 (2021/2), p. 5-7

NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. Sauf mention contraire, tous les textes bibliques sont tirés de la Nouvelle Bible Segond.
  2. Ellen G. White, Prophètes et rois (Éditions Vie et Santé, 1976), p. 408.
  3. Jirí Moskala, “A Prophetic Voice in the Old Testament: An Overview,” in The Gift of Prophecy in Scripture and History, Alberto R. Timm and Dwaine N. Esmond, eds. (Hagerstown, Md.: Review and Herald, 2015), p. 16.
  4. Ellen G. White, The Great Controversy Between Christ and Satan (Mountain View, Calif. Pacific Press, 1911), p. viii.
  5. Ellen G. White, A Sketch of the Christian Experience and Views of Ellen G. White (Saratoga Springs, N.Y.: James White, 1851), p. 64.
  6. Ellen G. White, Testimonies for the Church (Mountain View, Calif.: Pacific Press, 1948), vol. 8, p. 236.
  7. Ellen G. White, Jésus-Christ (Éditions Vie et Santé, 2000), p. 759.
  8. Ibid., p. 760.
  9. Ellen G. White, Testimonies for the Church, vol. 5, p. 740.